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Actes du Webinaire – Extraits

Quelle analyse nos partenaires et concurrents font-ils de notre positionnement international et de ses limites ? Leurs stratégies commerciales respectives sont-elles susceptibles de nous inspirer ? De nouvelles formes d’engagements sont-elles envisageables et comment les mettre en œuvre ? Les extraits d’interventions qui suivent, tirées du Webinaire organisé le 29 mars 2022 par la Fondation Prospective et Innovation et le Club des Exportateurs de France, permettent de mieux cerner ces questions à l’heure de la mondialisation des échanges et des espoirs de notre pays de redresser sa balance commerciale.
 

Pays arabes

Exposé de Vincent REINA, Président de la Chambre de Commerce Franco-Arabe

« La question du déficit de notre commerce extérieur, trop souvent oubliée alors que ce déficit ne cesse de s’accroître depuis une vingtaine d’années, se rappelle à nous en ces temps de conflit en Ukraine et de sortie laborieuse de la période de pandémie de Covid 19, à l’origine d’une disruption massive qui dure jusqu’à maintenant. Comme l’a dit en automne 2021 Bruno Lemaire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, cette question apparaît comme la prochaine grande cause économique à défendre. En effet, le déficit français de près de 85 milliards déséquilibre nos relations politiques et économiques, aussi bien avec nos voisins allemands par exemple, ou les pays d’Europe du Nord, qu’avec nos partenaires asiatiques et ceux du Moyen-Orient en ce qui nous concerne.  Il introduit de véritables dépendances qui fragilisent notre économie, mettent à mal notre souveraineté et notre indépendance économique, limitent notre capacité d’action.

Pour vous donner quelques éléments en 2021, mis à part l’Amérique, notre solde baisse dans toutes les autres zones. Avec l’Afrique, alors qu’il était devenu excédentaire en 2020, il redevient négatif. Avec les pays arabes, les exportations stagnent, passant de à 22,7 en 2020 à 23 milliards d’euros en 2021, sans retrouver le niveau de 2019 à 28,7 milliards. Les importations passent quant à elles de 16,8 milliards d’euros en 2020 à 24,4 milliards en 2021, soit une augmentation de 45%, sans atteindre toutefois le niveau de 27 milliards de 2017. Or le facteur du coût de nos importations énergétiques ne peut à lui seul expliquer cette situation. En réalité, les Pays du Golfe ne participent qu’à hauteur de 30% de nos échanges avec le monde arabe, contre 59% pour les pays du Maghreb.

La Chambre de Commerce Franco-Arabe, créée en 1970 à l’initiative du Général de Gaulle et de l’un de ses proches avec les représentants de la Ligue arabe, est bien placée pour observer au jour le jour ces tendances. Elle le fait à travers ses activités d’information, de conseil aux entreprises et de services de légalisation, puisque nous légalisons les documents des marchandises et des produits qui partent à destination de ces pays. Pour nous, c’est un véritable baromètre dont nous disposons dans cette zone de vingt-deux pays.

Depuis quelques années, nous tirons toutefois un signal d’alarme, convaincus malheureusement que les efforts réalisés à la fois par les dispositifs publics, les acteurs privés et les entreprises elles-mêmes, ne permettront pas dans les années qui viennent de redresser de façon significative cette situation. Les causes de cette dégradation sont en effet multifactorielles, à la fois nationales et internationales, et remontent aussi bien à la désindustrialisation massive que nous avons connue qu’à nos problèmes de compétitivité, notamment par le prix, notre manque de spécialisations dans les produits que nous exportons, ou encore notre couverture géographique, qui affectent l’état de notre puissance commerciale.

Nous avions déjà fait ce constat en 2018 à l’occasion d’un forum France-Pays Arabes, en se demandant comment dynamiser notre relation avec le monde arabe. L’idée était alors de créer un comité centré sur cet aspect, non pas pour se substituer aux structures existantes, mais au contraire en réunissant le Medef International, Business France, les CCI et la Chambre de Commerce Franco-Arabe. Une telle démarche reste à concrétiser et nous sommes persuadés qu’en termes de coopération, comme l’a indiqué le premier Ministre, il nous faut aller dans cette direction.

Que nous disent d’ailleurs nos partenaires ? Nous le savons, les savoir-faire des entreprises françaises dans le monde arabe – du Maghreb aux pays du conseil de coopération du Golfe, en passant par les pays du Levant – sont souvent attendus, connus et reconnus. Mais nous nous heurtons encore aujourd’hui à des difficultés qui freinent nos entreprises. Une méconnaissance des pays et de leurs spécificités. Une crainte, une peur pour certaines destinations, de ne pas savoir y faire, d’aborder des marchés trop gros ou trop compliqués. Une méconnaissance aussi des pratiques culturelles et des habitudes dans le monde des affaires à l’anglo-saxonne. Des préjugés ou des stéréotypes, comme croire que l’on peut commercer dans un pays francophone comme on le fait en France. Une pratique trop superficielle de la langue anglaise, une certaine légèreté qui traduit souvent un manque d’effort, un manque de compréhension et de volonté d’adaptation.  Tout cela, nos partenaires nous le reprochent régulièrement.

Dans tous ces pays que nous couvrons, il faut aussi avoir conscience que nos entreprises s’exposent à plusieurs niveaux de concurrence. La concurrence locale, non négligeable et qui peut être particulièrement agressive du fait de sa connaissance du terrain, notamment au Maghreb. La concurrence de nos partenaires et amis européens, Espagnols, Allemands, Italiens, qui parfois n’hésitent pas à afficher des prix agressifs et qui, compte tenu de leurs spécificités produits et de leurs domaines de spécialisation, sont mieux positionnés que les Français. La concurrence forte des nouveaux pays émergents, la Turquie ou encore la Chine. Enfin, certains pays de cette zone n’hésitent pas à anticiper une répartition des marchés par grande provenance internationale, avec des plans d’action à 2025, 2030 ou 2035 selon les opportunités qui existent. Je pense particulièrement à l’Arabie Saoudite et aux Emirats qui se positionnent sur un certain nombre de secteurs à fort potentiel.

Peut-on alors faire mieux ? Les réponses sont elles aussi multifacettes. Au-delà des maux français, il me semble qu’il y a un domaine où nous devrions  porter tous nos efforts : changer d’approche, changer de façon de faire. Sans doute cela ne réglera pas tout, mais c’est une réponse à ce que nous demandent nos partenaires arabes. Nous avons ainsi en France la capacité à proposer des offres intégrées, complètes. La vente d’un produit doit s’accompagner d’une offre de formation, d’un développement en partenariat ou d’approches conjointes avec l’acheteur, partenaire local, sur des pays tiers. Dans les grands contrats de type offset, c’est plus à une approche renouvelée du commerce extérieur que j’appelle, une pratique plus participative et intégrative des entreprises qui achètent nos produits, quelle que soit la taille de ces entreprises. Sans oublier, je le dis en tant que vendeur de nos produits et de nos savoir-faire, un effort d’adaptation et d’esprit partenarial. Voilà ce que je souhaitais partager avec vous à travers un regard particulier sur ces pays qui présentent, vous l’avez compris, de remarquables potentialités ».

Allemagne

Exposé de Vincent REINA, Président de la Chambre de Commerce Franco-Arabe

« Au regard du déficit de nos exportations, nous pourrions sans doute nous sentir un peu jaloux d’une balance commerciale allemande fortement excédentaire, 178 milliards en 2021. Cette réussite est-elle pour autant duplicable à notre pays ? A vous d’en juger et de faire vous-même la corrélation avec l’Allemagne, le pays dont je vous parlerai aujourd’hui.

Je commencerai par une idée assez simple : si l’Allemagne exporte, c’est qu’elle a des usines. Quand on a deux fois plus d’usines en Allemagne qu’en France, il ne faut pas s’étonner qu’on vende plus de produits à l’extérieur. Or la raison est d’abord culturelle. Les Allemands aiment la technique, aiment leurs usines et aiment leurs entreprises. Ils en sont fiers. Certains vous diront que ce sentiment national s’explique du fait de la guerre qui les a privés d’autres sources de fierté, et qu’ils ont mis toute leur énergie dans la création d’un écosystème favorable au développement de leurs entreprises. Suprématie économique, non pas politique ou militaire. On ne peut toutefois pas résumer cela à une seule mesure, car la culture allemande est assez paradoxale, je dirai qu’elle est composée à la fois d’un appel du large et d’une peur de perdre le contrôle. J’en donnerai quelques exemples, d’abord avec l’entreprise Bosch que j’ai bien connue pour l’avoir dirigée en France pendant plus d’une dizaine d’années.

En 1900, l’entreprise créée par Robert Bosch s’installe en France après avoir conquis le Bade- Würtemberg et toute l’Allemagne. En 1903, elle s’installe aux Etats-Unis, puis au Brésil, puis en Inde et en Chine. En cinq ans, des filiales s’implantent dans le monde entier, alors que les transports et les communications restent encore très compliqués. Si l’une des raisons de cette expansion est bien la peur d’être trop petit et de rester reclus dans son pays d’origine, on voit aussi qu’à l’inverse, on ne fait confiance qu’à soi et qu’à ce qui est fabriqué en Allemagne.

Et aujourd’hui ? Si l’on prend un autre exemple, celui de constructeurs automobiles comme BMW, Mercedes ou Volkswagen, ces entreprises ont gardé majoritairement en Allemagne l’assemblage de leurs véhicules, alors qu’elles ont complètement externalisé la production de pièces mécaniques, moteurs, éléments de suspension, boîtes de vitesse, etc. De manière surprenante, la France a fait le choix inverse. Les constructeurs français ont plutôt mis en dehors les usines d’assemblage, mais ont conservé les usines de moteurs et certaines usines de transmission. En définitive, cette volonté du Made in Germany, seule possibilité envisagée d’assurer la qualité et la réputation de la marque, représente en Allemagne un élément puissant d’identité lié à une culture technique très spécialisée, elle-même alimentée via la formation par l’apprentissage.

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